Dictionnaire IMPERTINENT des relations sociales Lettre I

IA et Dialogue social : pourquoi ça ne prend pas ?

Je ne pouvais pas dans un dictionnaire sur les relations sociales à la lettre I ignorer LE sujet qui fait l’objet de toutes les attentions en ce moment à savoir l’Intelligence Artificielle.

Une journaliste d’ActuEL Rh commençait ainsi dernièrement son article :

« Le dialogue social sur l’IA relève de l’évidence mais bredouille et hésite dans les entreprises ».

Cette introduction m’a interpellé.

N’étant pas experte sur le sujet, j’ai beaucoup lu d’articles surtout de revues syndicales ou vu de vidéos, écouté de podcasts. Tous très intéressants et je recommande les travaux pilotés par l’IRES (2023/2024) DIAL IA (dialoguer sur l’IA) qui a un site dédié à ses conclusions dont une mine d’informations et d’outils (un manifeste, un webdoc avec des outils, des livrables). Il n’y a plus qu’à s’y mettre, les partenaires sociaux ont tout.

Mais pourquoi donc ce sujet n’est-il pas mis à l’ordre du jour du calendrier social par les DRH et les syndicats ?

Pourquoi tout le monde en parle et personne ne s’y met ?

Ne serait-il pas perçu comme prioritaire parmi toutes les autres priorités du moment ?

Malgré les nombreux travaux sur la thématique, ils restent me semble-il très éloignés du terrain et trop souvent dans l’injonction,

« le dialogue social doit être au centre des travaux de mise en œuvre des outils numériques »

 ou très théoriques « malheureusement, ce dialogue social technologique est aujourd’hui trop peu mis en œuvre. Il est urgent d’y remédier, la CFDT appelle à la négociation d’un accord national interprofessionnel concernant le numérique et l’IA au travail ».

Encore du dialogue social sous contrainte ? Je crois que le dialogue social formel tue le dialogue social. Il y a encore 3 mois, mon agenda de DRH était rempli de ces obligations qui n’intéressent pas beaucoup les salariés dans leur quotidien !

Pour un sujet comme celui de l’IA, avant de sortir les outils, les méthodes, il est indispensable d’acculturer tous les acteurs pour mieux comprendre la technique et les enjeux avant même de parler de dialogue social et de négociation.

Mettre en place «la méthode inversée » comme j’ai déjà eu l’occasion de l’expliquer. Partir des salariés informés, éclairés qui sauront mieux identifier leurs besoins. Construire ensuite des réponses adaptées dans un accord.

-       Pourquoi mon entreprise est concernée par l’IA ?

-       Pourquoi moi dans mon job serai-je concerné ?

Et après ce dialogue professionnel, s’orienter vers le dialogue social pour garantir des solutions collectives. Et pas le contraire. Je pense sincèrement et par expérience que c’est inefficace.

La question très opérationnelle reste celle de qui anime ce dialogue professionnel dans les organisations ? C’est très concret. Les DRH ? les directeurs ?

Les DRH ne peuvent-ils pas au moins s’emparer de la question en tant que garant du dialogue social ?

Enfin, pour faire le lien avec mon précédent post sur Léon XIII et son encyclique « Rerum Novarum », Léon XIV a précisé samedi devant les cardinaux qu’il avait choisi ce nom à cause de l’IA. Il met donc sur le même niveau de bouleversement la révolution industrielle de la moitié du 19ème siècle et l’ IA au XXIème ! C’est dire…

Je vous invite aussi à écouter le philosophe Alexei Grinbaum qui me permet de finir ce texte sur une note qui rassure :

« La machine ne définit jamais ses objectifs, c’est et ça restera à l’homme de le faire, c’est la même chose sur l’ouverture vers l’inconnu qui est le propre de l’homme ».