Experte des relations sociales, Michèle Rescourio-Gilabert, met en garde avec ce premier roman, "Séminaires", la fonction RH qui s’est éloignée des préoccupations des salariés pour se focaliser sur les process ou "dire le droit". L’occasion pour l'ex DRH de livrer sa propre vision du métier. Loin du RH bashing qui secoue la profession.
Avec ce premier roman, "Séminaires", Michèle Rescourio-Gilabert surprend. Cette DRH et ex directrice du pôle dialogue social d’Entreprise & Personnel, de 2007 à 2017, co-auteure pendant plusieurs années de la note de conjoncture sociale d’E&P sur le climat social, change radicalement de registre, en livrant une note plus personnelle des relations sociales. On y retrouve bien sûr son univers professionnel. L’histoire débute par l’arrivée d’une DRH aguerrie, Claire Le Mer, dans une entreprise familiale, Medical services Group, à un "moment critique", celui du passage de la société "à l’âge adulte" ; le groupe dépassant 2 000 salariés.
En prenant sa mission à coeur, elle est loin d’imaginer ce qui l’attend, la menace d’un conflit social alors que l’entreprise s’apprête à lancer un projet phare ; le harcèlement sexuel ; les petits arrangements de l’équipe pionnière ; les postures syndicales, "ce jeu complexe à comprendre pour un néophyte" ou encore le durcissement de l’organisation majoritaire…
Un Codir trop fermé, des syndicats préoccupés par leur représentativité
Elle étrille au passage les travers de la gouvernance, "le fonctionnement en vase clos au sein du Codir" sans concertation, ni échange avec le personnel, l’éloignement des élus du personnel du terrain, trop attachés à défendre leur représentativité, qui discutent de sujets qui "ne répondent pas vraiment aux préoccupations des salariés". Ou encore le "reporting" incessant devenu le seul outil de management…
Le roman donne également la vedette à un secrétaire national d’une organisation syndicale, Pierre, avec qui la DRH entretient une relation amoureuse. Duo incompatible ? La romancière conjugue ici vie professionnelle et vie personnelle pour établir un parallèle saisissant entre les deux fonctions qui "loin de s’opposer, partagent souvent les mêmes enjeux".
L’occasion pour cette experte des relations sociales de livrer sa propre vision du métier : "la fonction RH s’est éloignée des préoccupations des personnes pour se focaliser sur les process ou dire le droit". "Quel temps perdu à ne gérer les RH que comme des process, parler CPA, CPF, C3P ou RPS, tous ces acronymes dont j’oublie moi-même la signification. On ne parle plus de collectif de travail ; on ne se préoccupe pas non plus des salariés".
"Redonner du sens au collectif"
Pour remédier à ces maux, l’auteure livre quelques clefs : échanges réguliers avec les organisations syndicales ; accompagnement des managers via une formation sur le droit du travail ; lancement d’un guichet unique pour répondre aux "clients internes" ; révision du process de recrutement ; mise en place de groupes de travail sur l’absentéisme et l’engagement des salariés, sur l’inaptitude au travail et le rôle du médecin du travail… La DRH, mère d’un "bébé de la loi Aubry I", est sur tous les fronts. Avec l’objectif de "redonner du sens au collectif".
Un premier tome d’une trilogie aux antipodes du "RH bashing" qui secoue aujourd’hui la profession. Et à l’arrivée, un livre étonnant et attachant.
article ici...